mardi 24 novembre 2009

A une inconnue

J'ai encore à l'esprit ton regard qui me hante
(Ma charmante inconnue)
et la touche attirante
(Ma charmante inconnue)
de ton air malicieux,
(Ma charmante inconnue)
et ta bouche hésitante
(Ma charmante inconnue)
sous ton oeil impérieux,
(Ma charmante inconnue)
et tes lèvres saillantes
(Ma charmante inconnue)
caressant tes cheveux.
(Ma charmante inconnue)
Je crois m'être perdu dans le noir de tes yeux.

Ma charmante inconnue
ravissante
éclatante
touchante
tentante
excitante
et démente

passante

absente

inconnue.

jeudi 17 septembre 2009

Bis repetita

Ma petite chatte, toute mignonne et toute câline
s'est fait les griffes sur mon coeur
et s'en est allé par la fenêtre
du bonheur.

Exsangue

A force de se faire saigner le coeur à blanc
On finit par devenir une fontaine de sang
Coule le sang, coule le sang
Le sangtiment d'être exsangue
Encore, encore
Coule mon sang, coule mon sang
Déverse-toi en un long torrent
En un geyser brûlant
Coule, coule
Lentement
Coule
Tant qu'il est encore temps
Car à force de se faire saigner le coeur à blanc
On finit par vouloir le protéger définitivement
L'isoler des ravages du temps
Le rendre plus résistant
Et plus froid
que le diamant.

mercredi 7 mai 2008

Délires spasmophages anamorphosés

Il y a des créatures qui habitent sous ma peau
Je les sens se glisser entre les muscles
Sur les os, dans les veines, dans mon cerveau
Partout, partout
Je ne suis pas seul dans cette carcasse pourrie
Des créatures me mangent sans bruit
Et je ne peux rien y faire
Je ne peux que me taire
Aucune douleur pourtant
Aucune douleur partout
Je me demande combien de temps il leur faudra
Pour en finir avec moi
Aucune douleur, aucune douleur
Elles mangent ma chair et mon âme
Elles boivent mon sang et mes larmes
Elles broient ma patience
Elles grignotent mes sens
Elles dévorent mes nuits
Elles mâchent qui je suis
Elles festoient sur mes angoisses
Elles avalent tout ce qui passe
Puis elles vomissent
Et elles pissent
En cadence
Et recommencent
Leur festin
Sans fin

Je ne suis que le tas tremblotant
de leurs excréments.

jeudi 24 avril 2008

The matrix has you

Il y a quelques semaines de cela, j'acceptai dans mon infinie bonté d'accompagner une amie (appelons-la Brigitte) à Yokohama afin de l'aider dans ses démarches administratives en vue de se procurer une carte VISA. La tache s'annonçait ardue mais ce fut avec plein d'entrain que nous prîmes d'abord la direction de sa banque, parlant de tout et de rien. Malheureusement nous étions samedi midi et bien que les portes de la banque étaient encore ouvertes, les guichets, eux, semblaient désespérément abandonnés comme des épaves fantômes. Nous pensions alors repartir la queue entre les jambes lorsque nous aperçûmes caché derrière une porte vitrée, le cerbère des lieux qui nous dévisageait avec crainte. C'était une sorte d'homme entre deux âges, ventripotent et engoncé dans son uniforme qu'il portait non sans fierté. Nous le hélâmes. Mais en nous approchant je crus bien discerner un changement subtil dans sa posture, un peu comme quand un élève ne veut pas répondre à la question du professeur et que celui-ci balayant la classe des yeux, pose soudain son regard sur sa victime, qui essaie de se cacher sans succès dans sa trousse ou sous son cahier. Hélas, il n'y a aucune échappatoire possible. Nos pas résonnaient sur le sol trop bien ciré de la banque et c'était, pour paraphraser l'agent Smith, "le bruit de l'inéluctabilité" pour notre aimable gardien.
Une fois à sa "hauteur", j'entamai une conversation dans un japonais frais et intelligible qui restera dans les annales de la communication interculturelle:
Moi "Pardon, la banque est-elle encore ouverte?"
Lui {Mode panique ON}"Gniiiiiiiiiiiiiiiiiii....." (le son qui sortit m'apparut être de l'anglais pour écoliers attardés)
Moi "Pardon?"
Lui (ruisselant) "Non, c'est ouvert seulement pour les prêts immobiliers"
Moi "Ah bon!"
Lui (suffoquant) "oui, je suis vraiment désolé de vous causer autant de soucis"
Moi "Merci bien"
Lui {Mode panique OFF}
Nous laissâmes notre brave homme se remettre de ses émotions et nous decidâmes, un peu déçus, de nous rendre à un grand magasin qui d'après Brigitte, fournissait également des cartes VISA à ses clients. Apparement elle avait déjà été refoulée il y a quelques temps pour "incapacité à lire le japonais". On lui avait par contre laisser entendre que ce serait possible à l'avenir, et l'avenir nous y étions.

Nous arrivâmes plein d'entrain au grand magasin en question et prîmes la direction des ascenseurs afin de monter au bureau où sont dispensées les cartes.
In petto je pensais que ce n'était pas gagné car nous fûmes accueillis par une employée au large sourire figé. On nous donna une petite fiche à remplir et nous nous installâmes à une petite table, armés d'un simple stylo noir. Brigitte n'étant pas encore assez à l'aise pour ce genre de formalités, je m'attelai à renseigner en japonais les informations la concernant: adresse, lieu de travail, numéros divers etc...
Tout allait bien dans le meilleur des mondes lorsqu'IL arriva.
{mode Lovecraft ON}
J'écris pendant qu'il me reste une once de lucidité et que mes facultés mentales ne m'ont pas encore complètement quitté. Mais saurais-je (oserais-je même?) décrire avec calme et précision l'entité immonde qui nous apparut à ce moment-là, sans disparaître automatiquement happé, dévoré et englouti dans les affres de la folie absurde et indicible? Il le faut pourtant, pour laisser un témoignage à ceux qui voudraient venir eux aussi dans ce temple de la démence pour être sacrifiés à des dieux sans nom sur l'autel de la différence culturelle. L'entité donc, car c'est la seule terminologie qui me vient à l'esprit lorsque je repense à cette horreur plus grotesque encore qu'un clown en short à un enterrement, se présenta à nous. On aurait dit le croisement contre-nature d'une serpillère et d'un porte manteau monté sur ressorts, au sourire tentaculaire et au costume bien repassé.
{mode Lovecraft OFF}
Il nous salua et nous lui repondîmes en japonais ce qui nous valut un très sincère et surtout très original "Oh, vous parlez bien japonais!". J'eus l'irrésistible envie de répondre "Vous aussi" comme à mon habitude mais ce trait d'humour tombe toujours à plat au pays du soleil levant, non sans provoquer un petit sursaut scandalisé. Nous répondîmes simplement "merci" de concert. Puis toujours souriant comme un poster de Mickey avant Noël, il nous demanda qui de nous deux désirait se faire faire une carte. Brigitte leva une main hésitante. Notre ami, me voyant écrire sur la petite fiche, demanda alors à mon amie si elle savait écrire ou comprendre le japonais. Elle lui indiqua qu'elle commençait à se debrouiller à l'oral. Il lui tendit alors un document et lui demanda si elle pouvait lire le petit texte qui y était écrit. Elle répondit négativement. Il émit alors cette complainte propre au japonais qui consiste à 1. serrer les dents et à inspirer de l'air par la bouche en faisant le plus de bruit possible comme quand on s'est brûlé la langue, tout en 2. inclinant la tête à 45 degrés sur le côté en prenant un air faussement ennuyé et en terminant par 3. une grimace contrariée et une expiration bruyante au niveau des cordes vocales, signifiant "Je vois".
Il nous signifia que si Brigitte ne pouvait ni lire ni écrire ni parler le japonais couramment il serait difficile pour elle d'obtenir une carte. Je lui exprimai mon désaccord en lui demandant le rapport entre savoir lire le japonais et recevoir une carte VISA. Sa réponse fut spontanée, bien huilée: "Mais c'est ennuyeux si elle ne peut pas lire le courrier que nous lui enverrons". J'avais envie de lui rétorquer qu'elle pourrait le faire traduire par des amis japonais mais je savais qu'il était inutile de donner des coups d'épée dans l'eau.
En employé consciencieux, il s'empara tout de même de la fiche et relut les informations que j'avais renseignées en y apportant quelques corrections. Cela fini, il nous demanda de bien vouloir patienter pendant qu'il allait entrer toutes ces informations dans l'Ordinateur et conclut par une assertion plus tranchante encore que le fil de la guillotine et qui restera ancrée à tout jamais dans mon cerveau torturé: "Mais j'ai bien peur que l'Ordinateur refuse votre dossier." Il s'en alla.
J'étais subjugué et apeuré à la fois. Nous étions dans la matrice et l'agent Smith (encore lui) était bien réel, la réalité était déformée et terrible à la fois: c'était l'Ordinateur qui allait donner une réponse. Pas lui, pas son chef ou un autre quidam de l'administration, non: l'Ordinateur.
Il revint plusieurs fois nous demander des précisions et je l'entendais ruminer dans sa barbe comme un maniaco-compulsif: "A mon avis l'Ordinateur va dire non, mais moi je veux qu'elle obtienne sa carte! Hein, oui! Je veux qu'elle l'obtienne! Oui je le veux..." On aurait dit le monologue schizophrène de Gollum dans le Seigneur des Anneaux.
L'opération dura bien une vingtaine de minutes et lorsqu'il revint pour la denière fois, il émit de nouveau une complainte faussement ennuyée avant de nous signifier cette vérité que nous redoutions mais que nous savions la seule plausible au moment même où la femme à l'accueil nous avait souri, cette vérité qui remet en cause les fondements primordiaux de notre conception du rapport entre l'homme et la machine, cette vérité que nous refusons viscéralement du fait de son absurdité même: "l'Ordinateur a dit non!".
Ca valait bien le coup de nous tenir la jambe pendant 20 minutes, tiens.
Nous partîmes par où nous étions arrivés mais sans la précieuse carte et Brigitte ne pouvait contenir sa déception mêlée d'agacement. Au loin, près de son maître, notre aimable employé oscillait de haut en bas comme un métronome fou en s'excusant mille fois.
Nous ne le revîmes plus jamais.

Au Japon tout est dans le processus. Le résultat d'une concertation est en général peu important, pourvu que le processus a été respecté comme un rituel. Dans beaucoup de cas la réponse est même déjà connue de tous mais elle doit être justifiée par une concertation inéluctablement orientée mais néanmoins nécessaire quite à perdre du temps et à être contre-productif. Si vous avez besoin de telle ou telle chose pour effectuer tel ou tel travail, vous devrez vous adresser à votre supérieur qui s'adressera au sien et ainsi de suite, avant que ça ne redescende, bien après. Entre temps on aura tergiversé, noyé le poisson, fait semblant de chercher des solutions à un problème déjà résolu avant même qu'il ne soit posé. On aura finalement perdu un temps fou pour rien.

Il y a quelques jours nous sommes retournés à la banque de Brigitte près de chez elle cette fois. L'employé était très sympa et moins caricatural que l'autre. Nous avons passé deux heures en formalités à recopier et recopier les mêmes formulaires pour diverses raisons. La réponse tombera par courrier dans quelques semaines.
Je me rappelle toujours le refus que j'avais essuyé à la Banque de Yokohama suite à ma demande de carte VISA. Le courrier que j'avais reçu était écrit dans un japonais extrêmement obséquieux et compliqué et m'expliquait qu'en dépit de l'insigne honneur de me compter comme le plus extraordinaire et le plus cher de ses clients, la banque avec une infinie tristesse mêlée de honte ne pouvait accéder à ma requete et m'assurait que tous les employés en pleurait le soir en se flagellant. Raison invoquée: "Secrète".

mercredi 16 avril 2008

L'impermanence mes amis, l'impermanence!

Tout me paraît vain ces temps-çi.
Ca m'inspire un haiku, forme poétique qui m'attire de plus en plus. Tout dire sans rien dire.

Rafale de vent
Dans les cerisiers en fleur
Tout est à refaire

風が吹く 桜の花を 直さなきゃ

mercredi 19 mars 2008

Délires abyssaux mélanophiles

La bête noire rampe et agonit dans l'obscurité latente offerte par mon ombre décharnée sous une lune cadavérique. La bête noire essaie de se frayer un chemin de ses griffes acérées au travers de mon crâne sacrifié sur l'autel de la solitude abjecte et visqueuse comme les larves putrides qui s'extraient de mes espoirs les plus démentiels. La bête noire creuse sans cesse au fond de mon être dont les balbutiements étouffés et morbides se reflètent dans le miroir de ma conscience écrabouillée par des années de réflexions stériles. La bête noire lacère, déchire, écorche, griffe, mord, tord le peu de vie qui reste encore dans mon corps mort et offert en offrande aux Dieux nécrophages et invisibles qui vivent au delà des plaines glacées de ma volonté. La bête noire sort enfin, rampe d'abord et c'est un bien fou que de la voir se débattre à la lumière du soleil levant qui éclaire maintenant le cimetière froid qui trône au sommet de mon âme. La bête noire se débat et se roule par terre en agonisant comme une bête apeurée qu'on aurait rouée de coups. La bête noire émet des cris d'une horreur à peine descriptible qui font échos à l'effroi ressenti par le nouveau né à qui la mère vient égoïstement de donner naissance. La bête noire veut rentrer et rester de nouveau dans l'antre immonde mais si rassurant de ma carcasse décomposée. La bête noire dans un dernier effort, s'agrippe et me grimpe dessus, griffes et crocs frénétiquement enfoncés dans ma chair. La bête noire arrive à la hauteur de mon cœur et dans un ultime effort y plonge en faisant exploser mon thorax à la hauteur du plexus solaire d'où s'échappe des flots continus d'un sang noir et opaque. Tous mes viscères essaient de s'échapper à la vue de la bête noire qui pénètre comme une foreuse à pétrole. Le sang explose en gerbes fabuleuses et c'est une douche maintenant pourpre qui arrose le béton alentour. La bête noire a repris de son poil, plus noir qu'une nuit sans lune où l'orage menace de recouvrir de ses nuages de plomb toutes vies abandonnées à sa merci. La bête noire continue son carnage, son massacre, son génocide, et moi je regarde le soleil qui se lève, souriant comme un imbécile heureux qui ne comprend pas qu'on abuse de sa gentillesse depuis si longtemps. La bête noire a repris le contrôle de mon esprit, de mes sens et de mes membres.
Le soleil est déjà en train de se coucher et j'assiste au plus beau des crépuscules. La bête noire, tapie au fond de moi fixe de ses yeux le ciel qui s'assombrit et dans lesquels se reflète une nuit sans étoiles.

Texte écrit d'une traite en écoutant "The Hate" par Die Form. Seule l'orthographe a été revue.